C'est juste une sensation. Le mot "juste" n'est peut être pas très approprié. Pour vous sûrement, pour moi plus vraiment. Un gouffre plein de vide dont émane une sollitude abusée, persévérante, ravageuse. Recherchée? Les branches tailladées, bléssées, écorchées par la pointe de l'hivers cognent inlassablement contre mes carreaux. Derrière, mes pupilles voudraient rapetisser, rentrer dans ma chair, se blottir à la chaleur d'un coeur. Ce qui reste de vivant derrière une porte vacante, entamée par le vent, l'orage, l'eau, le temps... Ces grandes ombres imposantes me hantent jusque dans mes souvenirs, l'effroi gagne le plaisir et je me sens réduite à la tige d'une feuille qui entend raisonner la craquelure de l'usure entre ses nervures gelées. Je ne tiens plus l'automne, je laisse aller l'hiver. Et ce calme intérieur, cette mélodie du silence que fredonnaient mes orteils tout ce temps, semblent s'amenuir dans le brouillard gris et épais. Se confondent alors avec l' écho d'un pas manqué, d'une goutte réservée se perdant dans une flaque, d'un cliquetti sourd et sourdement entendu. Oubliez mon aspect, l'image que vous m'accordiez. Juste quelques secondes, étouffez mon mutisme, portez mes dizaines de mains crispées,rongées. Laissez-moi être ces quelques lignes. Je voudrais que l'herbe s'adoucisse sous ma paume, j'aimerais que des pâquerettes éclosent entre mes doigts...mais comment faire, maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur moi?
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