Il y a des jours où je me sens stagner, errer à la surface. Le moindre geste me semble vain alors je perdure dans une oisiveté pesante. La télévision diffuse cette série américaine relatant le quotidien d'une famille toute particulière. Etrangement, je crève de jalousie. Les années passent et j'attends désespérément une certaine évolution, un chamboulement profond. Mais le même scénario repasse en boucle sur l'onde lassante de ma vie monotone. Je l'aime, je l'aime encore et plus fort. Puis, il part. Pour le Royaume-Uni, Amsterdam, l'université, le sourire d'une jeune fille. Il me revient toujours mais, toujours un peu trop loin. Ces inconnus, qui se côtoient, s'effleurent depuis quelques semaines, quelques pauvres instants, me relatent, un sourire à la commissure des lèvres, leurs habitudes de vieux couples épanouis. Leur marque de savon favorite, la couleur de leurs serviettes de bain, le type de ketchup que leur moitié préfère, son grain de beauté dans le pli du genou gauche. Je le connais par cœur. Mais je le connais de loin. Vivre à ses côtés, le deviner chaque seconde, appréhender ses faits et gestes dès le coin du lit. Je ne sais pas. A présent, j'ai besoin de plus. Et je ne sais comment lui dire, ce désir qui m'attriste jour et nuit. Ce besoin d'une extraordinaire réalité, d'un pas avant dans le monde des grands, d’une promesse à jamais honorée. Ce besoin de lui en moi à jamais.