Mercredi 17 juin 2009 à 21:10

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Je prends des bains d'étoiles.
Je croque les comètes à pleine dent.
Elles ont un goût de pain d'épice oublié sur le feu ardent du soleil.
Je tartine le ciel de rêves inaliénables
Et la lune esquisse un sourire moqueur.
Un polichinelle, dévale le croissant
Et brandit son échelle vers moi, d'un air triomphant.
L'eau s'évapore ou transperce agréablement ma peau,
Les éclaboussures hurlent d'effroi et, très haut,
se perdent dans mon âme, translucide, imperméable
.

 
Nous ne pouvons cesser de désirer et cela même nous magnifie et nous tue.  *

Lundi 15 juin 2009 à 9:19

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Jeudi 11 juin 2009 à 20:07



Je ne me souvenais pas avoir eu si mal au ventre auparavant. Ce matin, je n'avais pas cours. Cependant, ne pouvant adresser la parole à ma maman, je suis partie, comme d'habitude à 8h00 et j'ai lu, recroquevillée sur une chaise dure et sinistre de la cafétéria. A 8h45, Manon est arrivée, les cheveux au vent. Elle portait une jolie tunique rouge qui faisait ressortir sa bouche cerise et ses boucles soyeuses. Nous avons attendu Céline, face l'une à l'autre, sans un mot, plongées dans notre Littérature. A 10h, j'ai découvert l'existence d'un labo photo, à côté des toilettes des filles, derrière une porte délabrée de mon lycée que j'avais toujours imaginé garder un placard à balais. Après plusieurs tentatives d'ouvrir une pellicule photo, avec les doigts, et dans le noir, les jurons ont fusé. Et les petits collégiens, dehors, devaient bien se demander d'où provenaient ces voix errantes et malpolies. Je suis passé quatre fois à l'infirmerie puis j'ai finis par mendier un doliprane auprès de Mme Raix qui m'a fait jurer de ne pas la dénoncer au cas où je tomberais majestueusement dans les pommes. Ce soir je n'enverrai pas de sms à ma voisine:
"Hey ma ponette, je prends SVT et tu prends maths?"
On a rendu nos livres cette après-midi. Je suis conviée à donner trois euros à ma chère école catho, le 3 juillet, pour une petite écorchure dans le bord droit de mon livre de chimie  
"Papa, arrête de croire que les bonnes sœurs n'aiment pas le fric!"
 
Aujourd'hui, c'était plus simple: la classe au fond du couloir était vide. En dernière heure, Gaëlle est partie. Elle a claqué la porte très fort, les larmes aux yeux. Notre professeur ne comprend pas ce qu'il y a de mal à dire la vérité: "Essaie de gratter des points au bac, c'est ta seule solution. Les prépas, les écoles d'ingénieurs, tout ça, n'y pense plus". Les adultes ne comprennent rien. Le petit prince avait raison.

Aujourd'hui j'avais revêtu un sourire sincère, il me semble. J'aime bien ces gens. Notre photo. Nos paroles et parfois nos disputes instantanées. Je souriais malgré tout. Oui, je ne pleure plus. Je dors, avec des médicaments, mais je dors. J'entends ma mère qui parle dans son sommeil, qui me parle. Elle dit que ça va exploser. Je pense aussi. Je crois que c'est ça la vie: des grandes histoires qui s'étouffent en une poignée de temps, des petites amourettes qui se laissent flotter parce que les mots sont doux, parce que le soleil donne à ta peau une couleur enivrante, parce que... Parce qu'on ferme les yeux.

Mercredi 10 juin 2009 à 22:37

   

 

Nous sommes jeudi soir et il fait beau. Pourtant le moindre rayon de lumière agresse mes pupilles. Je suis dans ma chambre, le menton sur les genoux, devant l'ordinateur et j'ai fermé mes volets. A 16h,  je suis allée au CDI. J'ai aperçu les autres, assis dans l'herbe parsemée de papiers bonbon et j'ai pénétré dans cette petite salle sombre. Une main contre la joue, l'autre tenant le recueil de poésie La pluie et le beau temps de Jacques Prévert, je savoure des lettres exquises, des mots délicieux et même, des phrases alléchantes. Je note sur ma main gauche, au Bic rouge, des passages. Pas ceux qui me plaisent, plutôt ceux qui me surprennent. Un bruit strident retentit dans la cour de récréation, il est cinq heure.

Sur le chemin, près de l'arrêt de bus de l'école maternelle de Verrières-le-Buisson, des jeunes filles discutent. Elles dégustent de jolies sucettes rouges en forme de cœur, à l'unisson.
Demain, c'est l'anniversaire de maman. Je fais un gâteau à la noix de coco avec mamie. J'aime la pate à gâteau, pas cuite bien sûr. J'aime plonger mon index dans le saladier encore humide et le porter à ma bouche. Si cela ne tenait qu'à moi, on ne ferait pas cuire les gâteaux.

Ma colère s'estompe sous forme de larmes, lourdes et ruisselantes, envahissantes. J'ai du mal à me souvenir que nous sommes deux êtres distincts. Vous connaissez cette passion démesurée? Celle de se sentir entier lorsqu'il est à vos côtés. Je réside ailleurs dans ses bras. Neptune. Le dos d'un arc en ciel. Et, je ne sais pas lui répondre: Pourquoi tu m'aimes? Je n'explique rien. Je n'ai pas la parole. Je sais écrire. C'est tout. Aussi, je crois aux contes de fée. Dans ceux-là, le Prince Charmant sauve Blanche-neige d'un unique baiser. Pourtant, jamais un appel au secours, une bouteille à l'océan, seulement, il l'a reconnu. Il a vu en elle la princesse. Sa princesse. J'ai toujours rêvé de quelqu'un, à qui je me livrerais en silence. 
Je me nourris de mélodies et de pages noircies.
 

Samedi 6 juin 2009 à 20:34

Nous sommes le 6 juin 2009. Je rentre de la répétition générale d'un gala de danse plutôt mouvementée et les informations, à la télévision,  semblent également agitées. L'écran est bombardé de vieilles images en noir et blanc, défilant sur une bande son poignante et sombre au rythme mortuaire. Des personnalités sourient, descendent d'hélicoptères gris ternes en agitant la main vers la foule, alors qu'un documentaire paralyse une partie de l'image. Il y a soixante-cinq ans maintenant que ce vieillard, à la voix tremblante, a usé son âme et son corps dans un combat contre l'ennemi et surtout contre lui même. Qui connait cette urgence du sacrifice? Ce doute dans l'espérance humaine et la force, le courage de faire face et de vaincre son propre instinct. On cite souvent "l'instinct de survie animal" en oubliant notre filiation avec la bête. L'homme a cette volonté de vivre qui devance couramment ses idéaux. [ Est-ce que le but de la vie est de vivre? ] Un seul, dont la voix a raisonné, un 18 juin 1940, à l'antenne de la BBC, est à l'origine de l'écume rouge berçant ses plages, et à la fois de notre liberté. [ Même pour le simple envol d'un papillon, tout le ciel est nécessaire ]. Le temps s'écoule et mes paupières vibrent. Mes cils s'entrechoquent intempestivement devant un spectacle si tristement réaliste. Une horreur. C'était affreux. Rien ne peut décrire ce cauchemar. Des phrases qui se suivent et se ressemblent témoignent des actes que notre société juge irréparables et atroces. Mais comment distinguer le Bien du Mal? Dans nos tripes, nos sens, notre conscience même délivrent toutes ces choses abstraites que sont la haine, la répugnance, la dégoût, la foi. Notre vie est menée ainsi. [ C'est bon pour les hommes de croire aux idées et de mourir pour elles ] Des passés, des instants qu'on dit indescriptibles et qu'on qualifie, subjectivement, à l'aide de jetées d'encre. Elle est le seul remède que j'aperçois à tous ces malheurs récidivistes. Si je suis éphémère, que mes inspirations sont enfouies en moi, que mon art est égoiste, ma parole, mon écriture est universelle et dure. Paul Claudel, Jean Anouihl...

"Chacun de nous a un jour, plus ou moins triste, plus ou moins lointain, où il doit enfin accepter d'être un homme."



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