Mercredi 14 avril 2010 à 20:29


 Lundi 12 avril          
22h17 
 

Ma grand-mère m'offrit ce calepin lorsque j'étais encore une petite fille naïve et pleine d'espoir. Je m'en souviens parfaitement car cette période coïncida avec ma visite du Musée de la photographie de Bièvres: une grande expérience du haut de mes neuf ans. En parcourant les pièces sombres et poussiéreuses, remplie de portraits rongés par le temps, du vieux bâtiment, je m'imaginais des histoires de sorcières, des esprits errant au dessus de mon épaule.

J'écris ce soir au fil de la plume. Pour moi. Sans but. Peut-être rechercherais-je un vulgaire échappatoire au quotidien morne et douloureux. Un jour, tu liras ces lignes et tu murmureras en toi que ces nombreuses erreurs t'ont presque couté la plus étonnante histoire d'amour de ta chère existence. Ou bien ces mots resteront à jamais secrets on l'on se sera perdus de vue, perdu tout court...comme dans la chanson.

Je viens de faire un tour aux toilettes. J'ai mangé des asperges au dîner et, comme toujours après avoir dégusté de longues asperges vertes et croquantes, mon urine a cette odeur étrange. Au souvenir de notre conversation passée à ce sujet, j'ai ri. Là, les orteils recroquevillés sur le carrelage froid des WC, je riais.

Tout à l'heure, j'ai abandonné une larme, translucide, frêle, au détour d'une scène cinématographique des plus émouvantes. Comment rester de glace, comment ne pas ressentir la torture de l'épingle à nourris rouillée qui s'accroche à votre cœur lorsque la jolie héroïne meurt paisiblement mais si prématurément dans les bras de son dernier amour? Dans le creux de son cou, avec délicatesse et volupté, elle a soufflé son ultime bouffé d'air. Et, je t’ai vu. Ta joue inlassablement posée sur mon oreiller fleuri. Tes lèvres bleuies, tu étais mon héros, mon désespoir, ma tristesse, mon antre et tu deviendrais mon ange. Ma bouche s'est entrouverte pour laisser s'échapper un gémissement étouffé. Celui d'une souffrance irréelle, démesurément appréhendée, difficilement imaginée. Sommes-nous à ce point égoïstes? Puisque nous avons ce besoin nécessaire de nous reconnaître en l'autre pour ressentir, compatir. Des être complets, aux multiples sentiments? Ou d'un égoïsme prédominant. Il semble que notre ultime sens soit contenu dans cette expression contemporaine d'un point de vue syntaxique grotesque: "Je veux vivre ma vie".

J'étends mes jambes sur ma couette couleur chèvrefeuille, des fourmis dans les mollets. Est-ce que quelqu'un en ce monde a déjà eu l'occasion de connaître cette sensation? Si un peuple de fourmis noires pouvait pénétrer dans mon corps par ma bouche, trottiner jusqu'à mes ongles de pied sans s'essouffler puis ressortir illico presto, je pense que ce serait une expérience captivante. Je ferais certainement un excellent cobaye pour une science novatrice, sensitive et légèrement farfelue qui chercherait à résoudre les énigmes littéraires. Avez-vous déjà pensé à ce que ce serait d'avoir un "chat dans la gorge"? Quel aberration sans parler des boules de poils qu'il sèmerait dans votre œsophage. Curieuse à en bouffer un nid d'abeilles, je ne cesse de vouloir comprendre, réaliser, tester, chercher ce que c'est qu'être vivant.

Et la nuit tombe en entrainant mes paupières. Condamnée à cette autorité naturelle suprême, je me plie à ses quatre volontés: manger, boire, rêver et maintenant, dormir.





Par maud96 le Mercredi 21 avril 2010 à 22:25
On veut toujours un ange... mais souvent on le veut pour nous, pas pour lui !
 

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