Samedi 12 juillet 2008 à 0:01

 

Il doit être 16h00 à la montre du gros lapin d'Alice au pays des merveilles alors que je descends les marches deux à deux, les yeux rivés sur les portes du RER comme si un seul clignement de paupières suffirait à laisser se refermer l'impasse sur mn petit nez-schtroumpf-toboggan-piste-de-ski comme l'appelle si fantaisistement le charmant jeune homme qui m'a traîné toute la sainte journée en long, en large et en travers d'un monde féerique, sa main douce et protectrice recouvrant la mienne, toujours un sourire flamboyant aux lèvres rivalisant même avec le charisme de Bugs Bunny. Des peluches plein le sac, des guimauves plein la bouche, un peu hors d'haleine, nous posons le pied à temps sur le bleu marine crasseux du sol de cette machine qui représente notre dernière attraction de la journée. Malgré l'odeur peu ragoutante qui émane du wagon; la sécheresse de l'air parisien pollué qui dessèche les lèvres de passagers variés, le caractère assez étrange voire inquiétant ou pathétique du vieil homme vêtu de guenilles et assis deux rangs plus loin, une bouteille de whisky vide roulant à ses pieds; les paysages de banlieue graffitisés derrière les vitres embuées et marquées au kuter, je ne parviens à effacer ce sourire au coin de mes lèvres ni à me débarrasser des ailes qui tentent de me décrocher du sol malgré le délicieux cornetto vanille que je viens de dévorer, me tâchant le visage entier de chocolat noir au plus grand amusement de Mister Pinpin. Nous nous installons: moi, bien sûr, près de la fenêtre, et lui, évidemment, tout à côté de moi, tout au fond, le plus loin du monde autour, le plus loin du monde tout court. Après un bâillement des plus spectaculaire où je laisse échapper un couinement de Minnie endormie, mon Mickey de la journée enfouie son menton dans mes cheveux et dans un souffle tendre qui réchauffe soudainement ma nuque, me chuchote:   
  -" Tu es fatiguée mon cœur, repose toi un peu. "     
 , tirant doucement ma tête engourdie vers le haut de sa large épaule. J'obéis sagement et, comme une enfant qui ne voudrait pas ouvrir la bouche de peur d'interrompre un rêve si doux, je ferme les yeux...

Au bout de mes lèvres: le goût enivrant de sa peau; sur les rondeurs de mes joues: l'odeur citronnée de son âme; au bout de mes doigts: les battements réguliers de son cœur résonnant jusque dans son bas ventre qui me bercent, et j'observe chaque détail, je me nourris de lui, de tout, tout ce qui le représente, je cristallise cette image, l'imprime dans ma mémoire, près de celle d'une fille heureuse dans son reflet et je referme les yeux...je referme les yeux sur ce monde autour de nous. Ses mains brûlent sur mes hanches, à chaque virage, chaque secousse, certaines violentes, graves ou tenaces, surprenantes, réelles, je les sens s'agripper passionnément. Chaque fois, oui, il me serre plus fort comme pour préserver le fil précieux et fébrile qui nous lie l'un à l'autre, plus court, jour après jour. Je crois que c'est là que j'ai compris. Alors que mes pensées submergeaient mon esprit de tous les côtés, une chanson, discrètement, a commencé à se dérouler le long de mon inconscient: " c'est une route pleine de virages, des trajectoires qui dévient..."  C'est alors que, me sortant de ma boîte à musique, je surprends son pouce à caresser insistemment mon poignet d'un geste presque irritant, un tantinet maladroit, comme l'enfant qui, dans son sommeil cherche une présence, trop inquiet à l'idée que celle-ci puisse lui échapper, ou bien d'être abandonné ne serait-ce qu'un instant. Ce geste je le connais, nostalgiquement, mais je le connais trop. Cette habitude touchante c'était celle de mon papa, il y a un temps de cela,  le samedi midi devant un nouvel épisode de Mac Gyver lorsque je m'allongeais sur son ventre, embêtée et somnolant devant le poste de télé. Intrigant rapprochement entre ces deux êtres si différents, radicalement opposés et pourtant si importants...les deux hommes de ma vie. Cette petite voix blablate dans ma tête et dans un slame reposant et confiant, entre deux pirouettes, me fait me dire que, si papa appartient à mon enfance, à ce passé et ne cessera jamais de m'accompagner tout le long de cette longue route qui s'offre à moi, Vincent...Vincent c'est mon avenir." ...un chemin un peu bizarre, un peu comme la vie. "

Par tralaloubadoutchawie le Mardi 2 septembre 2008 à 14:40
Wa.
Tu..
Piouf.
 

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