Lundi 27 juillet 2009 à 2:36


Marjorie,
 
c'est en fin de semaine que je t'écris cette lettre. Le séjour, pour l'instant, se passe bien. Même si le mobil-home que nous avons loué n'est franchement pas terrible, la cadre est très sympa. Ce dernier est même idéal pour que je puisse réfléchir, penser à moi.
Hier soir, je me suis assis sur la plage. Je me suis allongé sur le sable et je me suis laissé bercer par la douce mélodie de l'écume des vagues. Je me suis surpris à rêver d'un lieu où je pourrais me sentir enfin libre, enfin chez moi. Un endroit où tout serait en parfaite harmonie, où chaque élément serait en fusion avec l'autre, où je pourrais me montrer tel que je suis et non tel que je veux paraitre. Le seul endroit où je pourrais, loin des hommes, redevenir humain. Sierra cuadrada.
Après coup, je me suis senti blessé par le fait que l'une des personne à qui j'avais accordé ma confiance sorte avec elle. Ne pas croire que je soit jaloux car, les voir heureux me fait plaisir. J'ai même pris la première photo de leur couple...ironique, non? Il ne devait pas. Il me l'avait promis. Antoine avait raison: les personnes disent beaucoup mais font peu...trop peu.
Durant le début de la semaine, je me suis interessé à la belle histoire des amants de Vérone. Ce monde qui avait été bâti sur la haine, la souffrance et la violence n'a finalement engendré que la perte des espoirs naissants. Cette histoire m'a beaucoup fait réfléchir. Le destin de personnes comme Harvey Milh, qui ont donné jusqu'à leur vie pour des idées, des idéaux, est exceptionnel et héroique. Tous ces soldats qui sont morts pour leur pays, ne serait-ce que pour offrir un jour de paix de plus à leurs familles, sont également un eemple de courage incontestable. Seulement, j'ai toujours pensé que mourir avec l'être aimé était la plus belle fin qu'un homme puisse connaître. Mourir dans les bras de celle qu'on aime et en faire, par conséquent, sa dernière demeure, transforme la mort en un véritable repos ternel. Cependant, plus ma vie s'écoule et plus je me réalise que ce genre d'idée est qualifiée de dépassé par la quasi totalité des gens. A croire qu'accorder plus d'importance aux sentiments profonds et aux symboles qu'aux différents plaisirs n'est plus à l'ordre du jour. Après tout, je suis peut-être "vieux-jeu". Je ne pourrai pas changer.
Excuse-moi, en me relisant, je me rends compte que cette lettre est très décousue. C'est juste que je l'ai écrite en laissant ma pensée guider ma plume. Et toi? Raconte moi. Comment s'est passé la semaine passée?

Avec toute mon affection. Je t'embrasse
Charles.

 
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Ile de ré, le 14 juillet 2009
 
Une de mes dates préférées. un feu d'artifice, c'est magique. Admirer les enfants, assis en tailleur dans l'herbe humide, la bouche entrouverte et le regard figé, merveilleusement. Des couleurs étincelantes zèbrent le ciel noir et passif. Rouge. Bleu. Je fais un voeu. Exceptionnel.
Nous sommes arrivés samedi, seize heure, au camping des Tamarins de Bois-Plage en trainant nos valises bombées dans le sable. Quelques instants plus tard, nous ramenions des cadis shoppi pleins de brioches au bungalow. Briques de jus de fruit, papier toilette, thé, café, et surtout quarante petits pains au lait. De vrais goinfres ces parisiens. Nous nous sommes installés, entre deux parties de volley ball: deux camps. Filles d'un côté, garçons de l'autre. Je dois avouer que ma situation est plutôt clandestine. En effet, le soir je me glisse dans le grand lit de Vince et le matin, je rejoins la table de petit dej' de mes copines. Je prends mon bol de Frosties en écoutant RFM avec huit jolies lycéennes et la journée commence.
Dimanche, aux alentours de minuit, nous circulions à vélo sur une national en direction de  Saint Martin: la ville des glaces aux milles parfums. Après quelques boules goût brownie, schtroumpf, huîtres, plombière ou encore rose coquelicot, nous voilà devant la boîte de nuit: La Bastion. Fauteuils en velour, terrasse illuminée et podiums de danse enfumés font le décors plutôt extraordinaire de ce lieu. Les mains dans les mains, les uns sur les autres, nous célébrons de vieilles chansons telles que YMCA, les démons de minuits... Sur le chemin du retour, Théo et moi revisitons les musiques des dessins animés Walt Disney. Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux. Il faut se satisfaire du nécessaire... Un séjour qui s'annonce ensoleillé.

samedi 25, 01:00 environ
 
Je suis assise dans mon grand lit jaune, douillet, spatieux et, vide. Si vide. Vide comme moi.
J'ai pris le train à la Rochelle vers 18h56, direction: Massy. Durant trois heures, mes paupières ont vacillé entre ouvert et fermé. Ma main tiède toujours contre Vincent et ma joue effleurant son épaule. En écrivant ces mots, je dois dévoiler avec franchise quelques larmes éparpillées entre mes cils. Pourquoi est-ce si difficile? Est ce que je n'ai pas le droit de l'aimer de toutes mes forces parce que je suis jeune? Et si moi, je suis prête? Tu comprends, ces deux semaines ont tout changé. Elles ont magnifié un rêve devenu un peu plus réalité. Je veux passer tout mon temps à ses côtés. Je sens que ma place est là. Pour la première fois, j'avais trouvé un sens à tout ça.
Ce matin , à six heure, je sors du Bastion avec un mal de tête perdurant. Une migraine coriace qui s'agrippe à mes tempes. N'ayant autre choix, j'enfourche mon vélo et commence à pédaler vers la maison. Impatiente. Des sanglots coincés dans la gorge, mes yeux s'enflamment et mon front explose dans un bruit lourd et détonnant. Le moindre filet de lumière me blesse. Je ferme les paupières quelques secondes et... Je crois que je me suis endormie. Le choc de ma roue avant sur un rocher dans le fossé de cette route de campagne me fait revenir à moi. A moitié allongée sur le bitume, le genou égratigné, je pleure. Les nerfs, la fatigue, l'effort, je pense. Alors, il a couru vers moi. Ses mains ont laché le guidon, il m'a serré contre son torse, ses bras m'ont enveloppé délicatement et sa voix a raisonné dans mon âme comme une musique douce de l'enfance. "Je suis là. Il ne peut plus rien t'arriver. C'est finit, je vais te protéger. Tout va bien, tu sais que je suis toujours là pour toi." J'ai la sensation que la douleur circule dans mes veines comme un poison rapide, dévastateur, terrible. Malgré tout, mon bonheur atteint son paroxysme. Je crois que j'avais besoin d'un ange gardien.
Pas de romantisme, de sentiment vieux-jeu, dépassés, de badinage amoureux, d'histoire à l'eau de rose. Juste un coeur au bord des yeux.
J'éteins la lumière.
A très bientôt,
Marjorie

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